Qui influence qui ?

« Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.
Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.
J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés.»

Abbé Pierre (5 août 1912 – 22 janvier 2007)

Ce que j’apprécie dans ce texte de l’Abbé Pierre, c’est qu’il nous parle de d’un positionnement intérieur puissant. D’une stabilité avec une ligne directrice : continuer à avancer et à être soi-même quoi qu’il se passe autour.

Choisir ! Choisir un positionnement et s’y tenir. Merci à l’abbé Pierre d’avoir été un homme qui marchait sa parole. Par son exemple, il nous invite à nous aussi marcher nos choix.

Avec les chevaux, plusieurs choix nous sont souvent proposés. L’un deux est de savoir qu’elle place j’occupe auprès d’eux ? Nous pourrons aussi poser la question autrement : Qui-suis-je pour mon cheval ?

Par notre positionnement, nos actes, notre constance respiratoire, notre cohérence cardiaque, notre souplesse musculaire, et tout notre langage corporel, nous communiquons au cheval notre état d’être et la manière dont nous percevons et vivons la situation.

Si je suis calme, décontracté, je peux influencer le cheval pour que son excitation redescende et qu’il se détende. Par contre si je suis stressé, tendu, inquiet, mon influence sur le cheval peut avoir un autre effet. Cela dépendra du cheval, si il est émotif ou pas, jeune ou plus expérimenté. L’adage qui dit :  » À jeune cavalier, cheval expérimenté et à jeune cheval, cavalier expérimenté » souligne bien l’importance de la stabilité dans la mise en sécurité du duo cheval-cavalier.

Qui influence qui ?

En faite lorsque je suis en interaction avec un cheval, je me demande régulièrement « Qui influence qui ? » Est ce le cheval qui m’influence ? Par exemple est-ce qu’il fait bouger mes pieds selon comment se positionne (entre dans ma bulle, me pousse avec son épaule, …). Ou, au contraire, est-ce moi qui influence le cheval ?

Dans la notion de relation, c’est un échange de proposition que nous recherchons. Saisir les propositions du cheval c’est important, cela montre notre qualité d’écoute et conserve sa motivation. Cependant, il y a un point non discutable avec les chevaux, il s’agit de celui du respect et de mon intégrité d’être humain. Mon espace personnel doit être respecter à chaque instant. Pour le reste de la danse, oui le cheval peut proposer, droite ou gauche, accélérer ou ralentir et je peux « accepter et jouer avec ses propositions ». Par exemple si je suis face au cheval et qu’il tourne la tête à gauche, je vois son oeil droit, son invitation est que j’interagisse à sa droite, côté qui m’ai ouvert par son positionnement de tête. Ce n’est pas une obligation et si le cheval me propose que le même côté, il sera important que je l’habitue aussi à aller à sa gauche, mais saisir cette subtilité du langage du cheval contribue à renforcer la relation et l’image d’homme de cheval attentif que le cheval à de moi.

On ne peut prétendre maîtriser un cheval tant qu’on ne se maîtrise pas soi-même.

Pat Parelli

Un homme de cheval – comme le souligne Pat Parelli dans cette citation – a tout intérêt à apprendre à se maîtriser, à se connaître, à dépasser ses peurs et à considérer ses émotions comme des informations pour agir et non réagir. Pour rester stable dans ses actes, dans son corps et dans sa stabilité intérieur.

J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs professionnels du monde du cheval qui pratiquent des arts martiaux, de la danse, du tir à l’arc ou des activités sportives qui demande de trouver son centre et d’être stable à l’intérieur. Tous partages les bienfaits de ces pratiques dans leurs présences aux chevaux et dans la pratique de l’équitation. Je peux dire que la pratique du Haka, danse Maori et du TaiChi m’aide personnellement beaucoup.

Et vous c’est quoi votre rituel de centrage ?

Christophe Dreyer